AIT SAADA, mon village natal

AIT SAADA, mon village natal

Récits et Images de la lointaine Kabylie ou les Chroniques d'un terroir déchiré entre traditions et modernité.


l'Halloween des temps maudits

Publié par Idir AIT MOHAND ou Matricule S/5341 sur 22 Octobre 2016, 16:08pm

En cette matinée du 31 octobre, les couleurs automnales inspirent notre rêveur Alex qui se sépare de ses compagnons pour rentrer chez lui afin de préparer sa sortie champêtre.

Dans sa tête, tous les calculs sont faits pour bien se détendre et oublier tous les soucis. Sur son passage devant la boulangerie, il s’achète une baguette de pain, puis d’un magasin d’alimentation, il remplit tout un sachet : deux boîtes de thon, du fromage ainsi que des fruits. Juste à côté, chez  le boucher, il se fait servir un bon steak, puis se demande s’il n’a rien oublié. Oh que si, se dit-il, encore deux tomates, un oignon et deux piments assez forts car sans ce condiment, c’est comme s’il n’a rien acheté.

Arrivé à la maison, il enfile sa tenue de combat, pas pour faire la guerre, mais pour mieux être à l’aise dans son treillis de randonneur. Tout est donc prêt, mais il lui reste une question à régler : va-t-il tout préparer à la maison et emporter son repas avec lui, ou bien griller son steak une fois sur place ? Finalement, il opte pour la première solution, c’est plus propre et plus pratique, pense-t-il. Il ne manque donc que la boisson et c’est l’occasion de sortir la bouteille de vin qu’il avait cachée depuis plus d’une année. C’était un cadeau que son ami l’étranger, lui avait offert.

Arrivé sur place, il gare sa voiture, prend son couffin, puis jette un coup d’œil sur la montagne dont les cimes sont inondées de soleil. La vue qui donne sur quelques villages au ras de la montagne, est féerique. La verdure parsemée des feuilles d’automne, le gazouillis des oiseaux et le calme qui y règne font rêver Alex qui se hâte de déposer son couffin au pied d’un énorme tilleul. En attendant l’heure du déjeuner, Alex gambade comme un chevreau au printemps.

Midi, Alex plonge sa main dans le panier et sort la bouteille qui porte l’étiquette d’un cru de renommée.Il s’assoit sur l’herbe, tire sur le bouchon avec son couteau suisse et une odeur aromatique lui titille les narines. Seul parmi les oiseaux au milieu de cette campagne, Alex verse un demi-verre de ce nectar qu’il déguste avec art. Puis il sort une nappe de son couffin et commence à disposer son repas. Ô combien il aurait aimé partager ce moment avec son ami l’étranger, façon de se dire : à ta santé ou tchin-tchin, comme jadis au temps de l’abondance. Tant pis, se dit-il, la nature est si agréable qu’elle suffit à le rendre euphorique.

Au fur et à mesure qu’il sirote sa bouteille, des idées lui traversent la tête. Le pinard est si fort qu’il lui donne des visions presque réelles. Une dose de plus et le tout déborde dans son cerveau, l’obligeant ainsi à faire une bonne sieste sous le tilleul.

Soudain, un air d’une douce chanson siffle dans ses oreilles et il entend la berceuse que lui chantait sa mère. Alex se voit descendre des Pyrénées Atlantiques avec un parapente, planant au-dessus de son village. Il virevolte tel un papillon qui vient juste de se poser sur une fleur devant ses yeux.

Du haut du ciel, Alex se délecte de ce paysage magique avant d’entreprendre sa descente pour ramasser ses affaires et rentrer à la maison. Ce soir-là, il ne dîne pas car il n’y a plus de place pour un autre repas. Après cette belle journée, il ne tarde pas à se mettre au lit et passe une bonne nuit. Il dort comme un loir jusqu’au matin, réveillé par sa musique préférée.

Hélas, ce lundi matin, ce n’est pas sa musique préférée qui le réveille pour attaquer sa semaine de travail, mais le hululement d’un hibou et le cri strident d’une chouette. Non,  il rêve tout simplement ou plutôt le rêve s’est transformé en cauchemar quand se dresse devant lui, un vampire avec sur son épaule un cadavre. Le vampire est tellement pâle qu’on aurait dit qu’il sort d’un sac de farine. De ses yeux d’un rouge vif, se dégagent des rayons bleuâtres et de ses crocs, dégouline du sang !

- Il y a longtemps que je te cherche Alex ! Allez, debout, ici dans ce pays maudit, le rêve est interdit ! Il n’y a que le cauchemar que tu es en train de vivre qui est autorisé et encore ! Qui t’a dit rêver Alex, lui dit le vampire dans son cauchemar qui succède à son rêve provoqué par la fameuse bouteille.

- Lèves-toi Alex ! Partage avec moi un bout de ce cadavre tout frais que je viens de déterrer au cimetière d’à côté, le menace le vampire.

C’est au-delà de toutes les horreurs qu’Alex ne peut imaginer dans son cauchemar d’où il se tire sans savoir que ce qui l’attend sera encore pire.  Le pauvre Alex qui, en réalité, n’a pas bougé de sa place sous son tilleul, sa bouteille vide à côté de lui, ouvre les yeux après ce cauchemar et se rend compte qu’il avait trop bu et que la nuit commence à tomber.

Son regard pointé vers les branches du tilleul, il essaye de sortir de sa torpeur en voulant se relever quand une godasse puante lui écrase la poitrine et le remet dans sa position couchée. Il a en face de lui des énergumènes avec leurs barbes hirsutes et leurs tenues de sanguinaires. Pendant que l’un des Daechiens l’écrase de son pied, un autre sort son poignard puis se met à réciter le rituel condamnant l’impie et l’obligation de l’exécuter aux cris d’Allah Akbar !

 

 

 

 

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