AIT SAADA, mon village natal

AIT SAADA, mon village natal

Récits et Images de la lointaine Kabylie ou les Chroniques d'un terroir déchiré entre traditions et modernité.


Hommage à mon père

Publié le 16 Avril 2015, 15:49pm

"Il y a des personnes comme ça qui laissent des traces sur leur passage"

 

Que représente ce billet de 1945 si joliment écrit et dûment signé par un représentant de cette grande république ? Ce témoignage de reconnaissance n’a pas servi à grand-chose, ou peut-être si, dans la mesure où il s’agit d’un geste méritoire pour son auteur. Je reviens sur cette notion du bien qui, longtemps après, est toujours là pour nous rappeler que dans  la vie, ô combien éphémère, il n’y a que les bonnes actions qui comptent. Ce document daté du 17 Mars 1945,  retrouvé dans les papiers de mon père, a poussé ma curiosité à en savoir plus sur ce qu’il représentait. Je ne savais pas trop à qui m’adresser, alors, à l’occasion d’un voyage en France et dans le but d’obtenir quelques dividendes pour ma mère, héritière d’une pension de réversion, j’ai posté la photocopie de ce document à Monsieur le Préfet de Paris. Le titre en question est passé entre deux ou trois organismes de l’état français avant de finir à la trésorerie qui m’a informé que ce billet n’avait aucune valeur pécuniaire ni immobilière, mais néanmoins, représentait un témoignage de reconnaissance de la république française pour avoir aidé à sa libération.

 

C’était beaucoup pour moi qui pensais m’en servir pour mes demandes de visas dont l’obtention relevait du parcours du combattant. En fait, je suis passé à côté, puisque le fameux titre joint à ma demande de visa, n’aura servi à rien. Malgré toutes les explications que j’ai données aux services consulaires, ma lettre n’a obtenu aucun écho. Qu’à cela ne tienne, il fallait prendre mon mal en patience et attendre. Je précise qu’aucune raison ne pouvait expliquer, non pas le refus direct d’un visa, mais la volonté de donner des réponses évasives en réclamant de plus en plus de justificatifs. Il m’a fallu attendre longtemps avant d’avoir le visa et pouvoir me rendre sur ce territoire qui fut, jadis, la seconde patrie de l’époux de celle pour qui mon déplacement, de quelques jours en France, devenait impératif. Beaucoup de personnes nées sur cette terre d’Algérie entre 1830 et 1962 n’ont pas eu à choisir leur nationalité, d’autres l‘ont fait pour eux. Ainsi, mon père, à l’instar de ces gens pour qui les actions de bienfaisance priment sur la rancœur, a cru faire un geste patriotique en direction d’une république en proie à l’envahisseur en souscrivant à l’emprunt de la libération. On m’a fait savoir que cet emprunt est perpétuel, ce qui veut dire que la France est redevable pour toujours de quelque chose envers mon père.

 

Mon devoir était d’en parler par acquis de conscience pour que ce geste humanitaire ne soit pas inutile. Qui aurait dit qu’un jour, ce prestigieux document caché depuis 1945 se baladerait sur le Net. Tout le mérite revient, à titre posthume, à celui qui a su garder soigneusement, avec d’autres papiers ayant une grande valeur morale, ce billet témoin de la grandeur d’une âme charitable qui a semé beaucoup le bien sur son passage. Dans une mallette ayant appartenue à mon père, j’ai retrouvé des documents qui m’ont donné à réfléchir sur ce legs d’un autre genre. Tout au long de sa vie, il n’a cessé de militer pour toutes les bonnes causes, depuis son village natal et ses environs jusqu’au bout de la France, les témoignages posthumes sont là pour le prouver. Je rappelle au passage cette rencontre fortuite que j’ai relatée dans un article sur ce blog même. Aussi, j’invite ceux qui n’ont pas lu cette histoire émouvante d’un genre inédit, à cliquer sur ce lien : L'enfant tombé du ciel Amirouche

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