AIT SAADA, mon village natal

AIT SAADA, mon village natal

Récits et Images de la lointaine Kabylie ou les Chroniques d'un terroir déchiré entre traditions et modernité.


Zouvga, un exemple à suivre

Publié par Idir AIT MOHAND ou Matricule S/5341 sur 6 Janvier 2014, 07:49am

Catégories : #Mes articles

"Je n’ai que mon clavier et mes doigts pour ne chercher, ni à juger personne derrière mon écran sauf un opiniâtre moi-même en croisade contre la médiocrité". Belle sentence d’un ami qui a décidé de ne plus s’encombrer de toutes les idioties de l’Internet en le quittant sur la pointe des pieds. Je ne suis pas suffisamment courageux pour faire comme mon ami et aller me consacrer à mes oliviers dans mes champs loin de tout ce qui se dit ici et là pour alimenter la rumeur.

Au début, ce fut une écriture pour laquelle je n’étais pas préparé. Ensuite, j’ai voulu faire connaitre mon village à travers le Net en lui prodiguant des éloges qui ne lui sont pas toujours dus. En effet, il y a quelque temps, je publiais ici-même un article juxtaposant mon village natal et Bordj-El-Bahri (ex Cap-Matifou). Je pensais que la bêtise avait des frontières et que le Djurdjura en était dispensé. Que nenni, je m’étais bougrement trompé. Suivre ce lien.

A mon grand regret, je dois dire que si Bordj-El-Bahri continue sa descente aux enfers, Ait Saada semble stagner dans une position peu reluisante. Mon village sombre peu à peu dans une inertie qui lui sera fatale si aucune action salutaire n’est envisagée pour remplacer ceux qui le gèrent par des compétences capables de changer les choses. Nonobstant les multiples problèmes auxquels fait face le village, son comité n’a pas trouvé mieux que d’organiser une Timechret (sacrifice) à la mode par les temps qui courent. Pas moins de sept taureaux seront immolés ce jeudi au lieu-dit « El-Djemaa N’temchadh » en offrande à Thanatos, cet ennemi implacable du genre humain pour qu’il arrête de sévir !

Non, messieurs, ce n’est pas en saignant des bêtes pour faire couler le sang à la place de l'eau, que "Poséidon" le Dieu des mers et des océans va nous entendre, et même si c’était le cas, il ne fera que déverser sur nos têtes toute sa furie. Ce n’est pas, non plus, en pratiquant la prière de la pluie, comme ce fut le cas au mois d’octobre, qu’il pleuvra  des cordes ! Ces actes que d’aucuns croient révolus refont surface et plongent un peu plus la population dans l’ignorance que le système en place cultive pour asseoir son pouvoir.

Malgré les neiges sur les hauteurs, et malgré les pluies des derniers jours, le village accuse une pénurie d’eau sans précédent. La petite ration qui y est distribuée au compte-gouttes en été, et une fois par jour pendant un laps de temps en ces moments d’hiver, suffit à faire comprendre au plus idiot qui soit que le projet de construction d’un troisième château d’eau n’est qu’une bêtise supplémentaire des décideurs. Comble de l’ironie, ce château d’eau sera construit  sur une crevasse qui a eu raison de quelques petites habitations que leurs propriétaires ont dû abandonner.

Et il n’y a pas que cela, rares sont les actions utiles réalisées dans l’intérêt commun, tout le reste est fait dans un cadre insidieux. Il n’est pas nécessaire d’en dire plus, sinon de rajouter ce vieil adage bien de chez nous qui dit que c’est la jalousie qui a anéanti "l’Arouch" ! Ceci pour dire qu’il y a deux sortes de jalousie dont l’une est constructive car elle permet d’imiter les meilleurs, et c’est celle-ci qui m’a saisi quand j’ai visité un village à quelques encablures d’Iferhounène.

Oui, je suis devenu jaloux de Zouvga, ce petit village niché au bas d’Azru N’ethor qui n’arrête pas de faire parler de lui. Zouvga, le village le plus propre de la wilaya de Tizi-ouzou, Zouvga, le village modèle de Kabylie, Zouvga, la Suisse de la Kabylie, Zouvga, sur toutes les lèvres, la mini-république de Zouvga, un exemple à suivre, Zouvga sur Google… Voilà qui devrait inciter ceux qui président aux destinés d’Ait Saada à aller faire une virée à Zouvga pour s’instruire, à moins que leurs désirs archaïques ne soient plus forts.

Vue de Zouvga (photo de Mouloud Ould Hamouda)

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