AIT SAADA, mon village natal

AIT SAADA, mon village natal

Récits et Images de la lointaine Kabylie ou les Chroniques d'un terroir déchiré entre traditions et modernité.


Traditions et modernité

Publié par Idir AIT MOHAND sur 30 Avril 2011, 18:31pm

Catégories : #Mes articles

Travaillez, prenez de la peine, disait Jean de La Fontaine. De nos jours, combien sont-ils à avoir retenu cette belle leçon de morale ? Je n’en sais rien. En tout cas, dans mon village, il ne reste qu'une famille réputée pour ce genre d’action bénéfique. Le papa et ses enfants continuent à demeurer les gardiens d’une tradition qui tend à disparaître. Abdeslam Boudinar, à qui je rends un vibrant hommage, est ce monsieur qui mérite bien des égards pour avoir su reprendre le flambeau de nos aïeux afin que vos valeurs demeurent.

Je me souviens de mon village quand les paires de bœufs se comptaient par dizaines. Nos aînés nous apprenaient à aimer la terre et à la respecter. Aujourd’hui, il n’y a que deux personnes qui possèdent encore ce legs, ô combien méritoire. La première paire appartient à un monsieur très aisé pour ses labours personnels, la seconde est la propriété de la personne que je viens de citer.

J’ai été confronté à un choix encombrant dans les labours de mon oliveraie. Je dois dire qu’il m’a été difficile de trancher entre le tracteur et les bœufs. Après avoir réfléchi, j’en ai déduit qu’il n’y a aucune comparaison à faire entre la machine et l’animal. Le tracteur de son côté et l’animal de l’autre, chacun étant rendu nécessaire en des endroits précis, il n’y a pas lieu de s’en embarrasser. Dans le cas de mon oliveraie, j’ai dû opter pour les bœufs car la nature du terrain l’impose. C’est donc avec un immense plaisir que j’ai fait la connaissance du jeune Mostéfa Boudinar et de son assesseur Messaoud Ahmed Said.

J’ai été très touché lorsque j’ai vu le jeune cultivateur apposer un baiser entre les cornes de son animal et lui chuchoter quelques mots en guise de remerciements. J’ai été fasciné par les liens affectifs que ce jeune homme entretient avec ses bœufs. Pour ne pas les fatiguer, il les fait travailler la matinée seulement et l’après-midi, il leur consacre toute son attention. J’ai observé Mostefa pendant le labourage, je dois dire que j’ai été ébloui par tant de savoir-faire qu’il utilise avec ses animaux. Il leur parle dans un langage spécifique et eux comprennent. Les animaux savent reconnaître leur maître ainsi que sa voix. Que dire quand on assiste à tant de dévouement de la part de l’homme et de ses animaux ? Lorsque le sacrifice de part et d’autre, est fait en direction de la nature qui nous le rend bien, il y a de quoi réfléchir.

Pendant ces labours, j’ai pensé à une chose, à savoir : les quatre genres qui font bon ménage et qui vivent en parfaire symbiose. L’humain, l’animal, le végétal et la matière. Cet animal qui a donné le meilleur de lui-même, ne sera pas épargné lorsqu’il ne servira pas à grand-chose. Ce végétal, avec ses innombrables bienfaits, ne sera pas, non plus, ménagé à ses vieux jours, il servira de bois de chauffage. Cette matière qui est notre terre nourricière subira les assauts de l’homme, ce principal genre sorti tout droit de ses entrailles.

L’homme ? Toute la question est là. Sait-il que cette nature qui l’a enfanté, est capable de faire mal ? Si nous vivons des catastrophes en tous genres, naturelles et humaines, c’est parce que Dame Nature prend soin de nous avertir du mal dont elle est capable. Mais l’homme, entêté comme il est, continue à faire la sourde oreille à ces avertissements. Signes avant-coureurs d’une apocalypse qui mettra fin au génie de l’espèce humaine ? Rien n’est exclu.

Ceci dit, je reviens à notre prévenant fellah avec ses bœufs dans cette vidéo  : 

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