Sommes-nous narcissiques ou intéressés

Effaces-toi, tu me fais de l’ombre ! Le narcissisme n’a jamais été aussi manifeste que maintenant. Avec l’Internet et ses réseaux sociaux dont facebook en tête de liste, les narcissiques se dévoilent pour crier à qui veut les entendre qu’il n’y a qu’eux, toujours eux et rien qu’eux.

Me voici, me voilà, est devenu le leitmotiv de tout ce beau monde qui insiste pour émerger d’office. Je me surprends, moi-même, à créer une page facebook en supplément de mon profil pour avoir ce petit plus qui fera parler de mon ego.

Partant de ce constat, pourrait-on dire que les profils anonymes ne sont pas atteints de cette maladie puisqu’ils ne montrent jamais leurs vrais visages ? Avant de répondre à cette question, il ne faut pas perdre de vue que ces derniers peuvent cacher des desseins inavoués plus hypocrites et parfois pervers.

Ces « pseudos » que l’on retrouve embusqués derrière un bosquet avec un bouclier pour se protéger, peuvent nuire plus que les narcissiques et frapper dans l’anonymat sans prendre le moindre risque d’une riposte.

Entre les deux schémas, il y a l’autre conduite qui consiste à se dissimuler pour ne pas paraître et attendre la fin comme si on est juste né pour mourir sans laisser de trace. Même ce mode intermédiaire dans le choix d’un comportement à l’écart de toute popularité, peut donner lieu à des critiques acerbes.

En effet, la calomnie étant le propre de l’homme, on ne peut pas y échapper. Ce constat est vérifiable partout et à tout moment.

L’exemple d’un vieil homme vivant dans un village reculé des collines de Kabylie, en est l’illustration. Voulant donner un enseignement à son petit-fils sur le regard des gens, le vieux avait trouvé un moyen pour démontrer au petit qu’on est toujours critiqué quel que soit le comportement adopté.

Alors, le vieil homme prépara sa monture, puis invita son petit-fils pour une randonnée à travers quatre villages.

Au premier village, ils étaient tous les deux sur le dos de la monture. De passage devant les gens, ils eurent droit à des remarques désobligeantes :

- regardez la pauvre bête comme elle sue, tous les deux sur son dos, c’est honteux !

Avant d’atteindre le prochain village, ils quittèrent le dos de la monture et s’étaient mis à marcher. Là encore, les gens ont trouvé à redire :

- voyez ces deux là, une bête aussi robuste et eux qui la suivent comme des idiots !

A l’approche du troisième village, c’était le vieux qui était sur sa monture et son petit-fils le suivait derrière. Evidemment, ils subirent les mêmes critiques :

- tiens, comme il est bête le vieux, il ne peut pas céder sa place au pauvre petit !

Avant d’arriver au quatrième village, c’était donc le petit qui avait pris la place de son grand-père qui le suivait à pied. Bien entendu, ils n’échappèrent pas non plus aux remarques :

- mais il est taré ce vieux ! Il ne peut pas prendre la place du jeune au lieu de suer comme un porc !

Comme quoi, il n’y a pas de solution pour échapper à tout cela, à moins d’avoir le courage de vivre en reclus, loin des regards, loin de la société, loin de tout, c'est-à-dire s’effacer complètement.

Loin de moi l’idée de vouloir lancer des critiques, c’est juste une réflexion sur le narcissisme qui est le propre du genre humain dont je suis un élément. Charité bien ordonnée commence par soi-même !